Publié le 07 nov 2024Lecture 3 min
EULAR 2024 | Douleur et fatigue en rhumatologie : comment améliorer la prise en charge ?
Odile MOLY, Toulouse
La douleur et la fatigue sont des symptômes omniprésents et invalidants dans les maladies rhumatismales musculo-squelettiques (RMDs) telles que la polyarthrite rhumatoïde (PR), la spondyloarthrite ankylosante (SpA) et le rhumatisme psoriasique (RhPso). Leur impact majeur sur la qualité de vie reste souvent sous-estimé. L’usage controversé des opioïdes et des alternatives plus sûres ont également été discutées au cours de l’EULAR 2024.
Une enquête néerlandaise menée auprès de 6 400 patients atteints de RMDs a révélé que la fatigue représentait les principales difficultés pour 67 % des patients, suivies par la gestion de la douleur (41 %), les limitations dans les activités quotidiennes (33 %) et les problèmes de mobilité (31 %). Selon une étude danoise, cette fatigue persiste souvent indépendamment de l'activité inflammatoire, touchant même 61 % des patients en rémission clinique. La douleur, sous ses différentes formes – nociceptive, neuropathique et nociplastique – persiste souvent même en rémission clinique. La fibromyalgie, par exemple, touche un pourcentage élevé de patients atteints de maladies rhumatismales, bien plus que dans la population générale : 21 % pour la PR, 13 % pour la SpA, et 18 % pour le RhPso contre 1,8 % dans la population générale. Dans les cas de PR difficiles à traiter, cette prévalence atteint 38 %, contre 9 % pour les formes moins complexes. Sous-estimer la fatigue et la douleur peut entraîner de graves conséquences comme un retard de diagnostic, une dégradation de la qualité de vie et des impacts sur la santé mentale des patients (anxiété, dépression, isolement). Ces effets influencent aussi la productivité et rendent les tâches quotidiennes plus difficiles, faussant même l'évaluation de l’activité de la maladie et pouvant mener à des ajustements thérapeutiques inappropriés.
Face à la douleur chronique, la prescription d'opioïdes est fréquente, mais reste controversée en raison de leur potentiel de dépendance et d’effets secondaires. Les douleurs musculo-squelettiques comptent parmi les raisons les plus courantes de prescription d’opioïdes, avec un usage à long terme notable chez les patients atteints de RMDs. Cette situation reflète les options limitées pour le soulagement de la douleur dans cette population, soulignant l'importance d'un accès aux traitements non pharmacologiques et aux stratégies d'autogestion, pour limiter les recours prolongés aux opioïdes. De nouvelles approches, telles que l’utilisation de l’intelligence artificielle, permettent d’évaluer de manière personnalisée les risques et les bénéfices des traitements, offrant ainsi des pistes prometteuses pour des interventions plus adaptées aux besoins individuels des patients. Par ailleurs, des solutions non médicamenteuses innovantes se développent telles que des applications de suivi des symptômes et des plateformes de réalité virtuelle favorisant une autogestion améliorée des patients.
En conclusion, la prise en charge de la douleur et de la fatigue dans les RMDs ne doit pas être sous-estimée pour offrir des solutions globales et personnalisées aux patients. Les opioïdes peuvent être envisagés à court terme dans certains cas, en privilégiant la prise de décision partagée entre le patient et les professionnels de santé et en réévaluant le besoin de façon régulière afin de minimiser les risques associés. Des alternatives non médicamenteuses peuvent être proposées telles que des applications de suivi et la réalité virtuelle pour aider les patients à gérer leurs symptômes.
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